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L'Allemagne,

   Une politique d'accueil audacieuse

MUNICH - OCTOBRE 2015

Arrivée nocturne, lors du week-end d'ouverture de l'Oktoberfest, Munich est en effervescence.
De prime abord, à la gare centrale l'accueil des « migrants » semble beaucoup plus rationnel, organisé qu'à Calais. Prise en charge dès l'arrivée à la gare, panneaux affichant des slogans de bienvenue, une atmosphère presque détendue.

Cependant, cette primo impression ne masque pas le clivage politique important. L'Allemagne est un État fédéral c'est-à-dire une fédération regroupant des États fédérés appelés Länder (l'équivalent de nos régions) chapeautés par un État fédéral appelé Bund, les attributions de chacune de ces entites étant définies par la Constitution.

 

La politique migratoire relève des compétences du Bund dont Angela Merkel est la chancelière. Celle-ci a définit une politique d'accueil ambitieuse, la plus audacieuse de tous les pays membres de l'Union européenne. Cependant, cette politique n'est pas celle partagée par certains États fédérés, comme la Bavière. Et ce sont eux qui se trouvent en première ligne, à devoir gérer pratiquement la situation.

Les unes ci-dessous sont extraites de la presse à grand tirage,
elles illustrent ces divergences profondes quant au traitement à apporter à la question migratoire.

« Wir schaffen das! », « Nous pouvons le faire !»
« Mehr geht nicht! », « On ne peut plus ! »

« Wir packen das! », « On va boucler ça ! »
« Wir sind am Ende! », « Nous sommes à la fin ! »

Et ce clivage n'est pas seulement politique, on le retrouve également au sein de la société civile partagée entre accueil bienveillant et fermeture, voire hostilité à l'égard de l'Autre.

Nous avons toujours à l'esprit les questions suscitées par l'expérience calaisienne.
Comment trouver cette juste distance, et pas seulement photographique ? Nous décidons de consulter plusieurs structures associatives afin de nous conseiller, envisager comment développer notre travail, en ayant à coeur d'insister sur notre sincère volonté d'honnêteté et de transparence.


Le résultat de ces rencontres est sans appel, ce sujet est difficile, les refus sont systématiques. Toutes les ONG manifestent une grande méfiance à l'égard de la photographie.
Cependant, elles nous donnent toutes le même conseil : aller voir les « migrants » eux-mêmes, les aborder sans intermédiaire, dans la rue. Notre démarche photographique semble confinée à l'informel, à la « clandestinité ».

 

Ces débuts difficiles nous interpellent, parfois le doute point. Les questions quant aux attitudes de ces associations/structures se multiplient, nous avons le sentiment qu'elles pensent davantage à se protéger en tant que structure plutôt que d'agir dans l'intérêt de leurs « bénéficiaires ».
Le droit à l'image peut aussi s’avérer être un réel problème, le formalisme nécessaire qui lui est inhérent est un obstacle. Tendre un formulaire d'autorisation de diffusion et essayer d'obtenir une signature serait d'une grossièreté crasse ; parfois, on ne peut pas aller au-delà du consentement tacite.

QUEL PROTOCLE ADOPTER ?

Extraits d'un de nos carnets de notes
« 
»

Nous refusons cette démarche, nous refusons de nous adresser directement aux personnes dans la rue. Agir de la sorte supposerait de pouvoir identifier un « migrant » à son apparence physique, de penser qu'il doit nécessairement en porter les stigmates extérieurs, raisonnement à rebours de nos convictions. 

Malgré la certitude de refuser ce type de démarche, nous tâtonnons encore. Le 10 octobre, date prévue de notre départ de Munich, on décide de se présenter spontanément à l'entrée du plus grand centre d'accueil du centre-ville, à quelques centaines de mètres de la gare centrale.

Par chance, une personne de l'équipe parle allemand, arabe et français. Nous lui expliquons notre demande ; quelques minutes de réflexion, la réponse est positive. Nous pouvons réaliser des portraits, mais hors du centre, sans signe caractéristique qui permettrait de l'identifier.

Extraits d'un de nos carnets de notes
« 
»

MUNICH - JUILLET 2016

REVENIR SUR NOS PAS, PRENDRE LA MESURE DE CE QUI A CHANGÉ OU NON

A la gare centrale de Munich, l'endroit où était installé un centre d'accueil d'urgence en octobre 2015 est redevenu, un an plus tard, un parking réservé aux taxis, aux bus et aux dépose-minute.

Carte de l'agglomération munichoise.

Ce que la presse et les médias ont qualifié l'automne dernier « de vague migratoire » ou encore « d'afflux de migrants », n'aura laissé que peu de traces pour ne pas dire aucune, aux endroits-mêmes où des milliers d'êtres humains attendaient d'être transférés dans des centres de demandeurs d'asile.

C'est ainsi qu'à la gare centrale de Munich où chaque jour des centaines de personnes transitaient, les tentes d'urgence et les files de bus ont disparu. Le parking est redevenu, tout simplement, le parking qu'il était avant.


A Aschheim, les bureaux qu'occupait le centre d'accueil géré par l'association Die Johanniter, sont eux aussi redevenus, tout simplement, les bureaux qu'ils étaient auparavant.   

Les bureaux situés à Dornach, district d'Aschheim, où le centre pour migrants géré par l'association Die Johanniter avait été installé en 2015.

La Bayernkaserne, située à une quinzaine de kilomètres du centre-ville de Munich, est le plus grand centre de réfugiés que connaît la ville.

Sur le mur qui borde l'Heidemannstraße, une fresque a été réalisée entre 2014 et 2015 par des réfugiés vivant dans

le centre de la Bayernkaserne et des étudiants du Collegium Oecumenicum de Munich.
 

Le projet, intitulé « Une image comme un pont », a été mis en place par le centre culturel Mohr Villa et

fait partie de l'initiative Arts et Culture pour le Respect.

Le 10 octobre 2015, nous reprenons la route direction l'Autriche.

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