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La Finlande, 

   Un contrôle strict

METSÄLÄ - 30 NOVEMBRE 2017 

Ce « waiting center » ouvre en septembre 2015 sur le territoire de Vantaa, une ville qui borde Helsinki au Nord. La qualité de l'air et de sa ventilation contraint le centre à changer de locaux, il s'est installé il y a 3 semaines à Metsälä, toujours dans la banlieue d'Helsinki.

Deux bâtiments abritent ce centre de demandeurs d'asile. Pour l'un, seul le rez-de-chaussée est utilisé, pour le second, il est employé en totalité à l'accueil des « migrants » ; son histoire est marquée par des usages multiples et variés. À l'origine, son rez-de-chaussée est occupé par une agence bancaire tandis que les étages sont utilisés par un « motel ». Le motel ferme, puis ce sont les douanes qui y emménagent. Par la suite, ce bâtiment sert de centre de demandeurs d'asile, durant un an, un an et demi environ. Ensuite, fermeture complète, et à nouveau ouverture il y a environ trois semaines. Ce centre est situé dans une immense zone d'activité dont l'espace était précédemment occupé par des entrepôts de la société de transport Schenker. Cette entreprise a fermé sa plate-forme logistique, aujourd'hui, tout a été rasé, à terme, elle sera occupée par des logements.

Le choix de cet emplacement pour accueillir le centre précédemment installé à Vantaa est un hasard. La personne qui nous a reçus a travaillé dans l'unité de rétention qui se trouve à quelques centaines de mètres. Aussi, quand il a fallu quitter Vantaa, elle a spontanément pensé aux locaux dans lesquels nous sommes reçus. Grande cuisine commune, chambres de deux ou quatre mais aussi parfois de huit, toilettes communes et douches au sous-sol, laverie sont les espaces qui rythment la vie au sein de cette structure.

Notre interlocuteur nous explique que des visites sont organisées pour les mineurs en passe de devenir adultes. Les unités dédiées à leur accueil sont très spécifiques, des effectifs très faibles, de 10 à 16 personnes environ, beaucoup plus de personnel, un encadrement plus étroit, de nombreux jeux, activités et sorties y sont organisés. Les visites ainsi mises en place permettent de ménager une transition plus douce. À cette fin, à leur arrivée dans une unité pour adulte, un travailleur social ou un/e infirmier/e leur est affecté/e pour les suivre véritablement.

Les résidents de ce centre sont encadrés par 20 personnes auxquelles s'ajoutent des bénévoles de la Croix-Rouge, beaucoup selon notre interlocuteur, qui viennent notamment dispenser des cours de finlandais. La population hébergée est composée exclusivement d'hommes adultes, c'est à dessein. Irakienne et afghane sont les deux principales nationalités présentes. 200 personnes occupaient le centre de Vantaa, 100 ont été transférées ici à Metsälä, entre 50 et 60 ont été transférées au centre de Raseborg, une ville située à une centaine de kilomètres d'Helsinki. La quarantaine de personnes restante se loge par ses propres moyens en ville. Parmi les 100 résidents du centre, entre 50 et 60 travaillent, un taux particulièrement élevé.

Nous apprenons que toutes les personnes accueillies ici ont déjà reçu au moins une réponse ou été entendues en entretien une fois. Selon notre interlocuteur, déjà au bout d'un an, elles commençaient à déprimer, elles se sont rendues compte que l'Europe n'était pas aussi accueillante que cela, le rêve d'une vie meilleure s'est effondré. Nous comprenons aussi que depuis l'accession du parti « Les vrai finlandais » à une équipe gouvernementale, la législation en matière d'accueil de demandeurs d'asile a changé. Par exemple, quand une personne reçoit une réponse négative définitive, auparavant, elle pouvait rester dans le centre d'accueil jusqu'à ce qu'elle trouve un moyen de repartir dans son pays d'origine. Aujourd'hui, si elle n'a pas trouvé de solution au bout de 30 jours, elle doit quitter la structure et se retrouve ainsi à la rue.

Ce centre nous a paru ambiguë. Les mesures de sécurité semblent être assez strictes, de très nombreuses caméras de sécurité, nous n'avons jamais été seuls dans le bâtiment, en permanence accompagnés pour réaliser nos photographies. Mais la personne qui nous a reçus semblait bienveillante et assez douce. Ce qui nous a particulièrement frappés, c'est de constater qu'elle semblait agir contre son grès, en prestataire du MIGRI dont elle déplorait les mesures. Cette impression est revenue à plusieurs reprises, dans plusieurs centres, alors que dans d'autres, le personnel semblait, de prime abord, moins affecté, plus froid et « administratif ».

Nous nous demandons quelle image toutes ces personnes garderont de l'Europe et de l'accueil qui leur aura été réservé.

Lundi 4 décembre, nous empruntons le bateau depuis Helsinki pour rejoindre Tallinn avec pour objectif de nous rendre à la frontière hungaro-serbe.

Les centres en Finlande

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