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La Grèce,

   Une impasse au bout d'un long chemin

AIRE URBAINE DE THESSALONIQUE

Aire urbaine de plus d'un million d'habitants, important pôle industriel, financier et commercial, Thessalonique est la deuxième ville du pays, l'une des plus importantes de la péninsule balkanique, elle est aussi considérée comme la capitale culturelle de la Grèce.

Nous avons photographié trois centres situés dans l'aire urbaine de Thessalonique. Pour comprendre leur vide, leur abandon, il faut avoir à l'esprit la fermeture de la frontière gréco-macédonienne qui a fait de la Grèce un véritable « piège ». Ainsi entre janvier 2016 et avril 2016, des milliers de « migrants » se massent à Idoméni et le long de la route E75, axe international reliant notamment Athènes à Skopje, capitale de la Macédoine. La situation est telle qu'il faut trouver une solution d'hébergement à ces milliers de personnes qui s'installent dans des camps de fortune, improvisés et connaissent des conditions d'une extrême précarité.

 

C'est dans cette perspective que plusieurs centres ont été ouverts à travers le pays, comme à Thessalonique. Mais ces locaux, d'anciens bâtiments industriels, entrepôts, manufactures, conserveries se révèlent inadaptés : tentes arrimées sur des sols en béton, sans matelas, manque d'accès à l'eau potable, aux sanitaires, trop faible accès aux soins, des milliers de personnes se retrouvent agglutinées dans des locaux aux températures largement négatives l'hiver et supérieur à 40 degrés l'été. Début 2017, la Grèce se retrouve confrontée à la nécessité de fermer ces centres/camps pour les rendre salubres.

Fin 2017, la Grèce est à nouveau confrontée à une nouvelle urgence, désengorger les hotspots qui renferment une population qui excède leur capacité d'accueil, les îles de la mer Égée sont au bord de l'implosion. Selon plusieurs ONG, l'urgence consiste à déplacer ces personnes depuis les îles grecques vers le continent notamment dans les centres précédemment utilisés pour héberger les personnes bloquées à la frontière macédonienne. Une nouvelle urgence chasse la précédente, la Grèce est totalement dépassée, tributaire d'un contexte international et européen qu'elle subit totalement.

 

Oreokastro, Kalochori-Iliadi, Vasilika sont les trois sites que nous avons photographiés. Être confrontés à leur fermeture est un hasard de calendrier, mais leur situation géographique, l'atmosphère qui s'en dégage nous permettent largement d'imaginer les conditions de vie des personnes qui y ont été accueillies.

OREOKASTRO - 30 DECEMBRE 2017 

Le centre visité aujourd'hui avait investi les locaux d'une ancienne manufacture de tabac de la banlieue de Thessalonique, il était réputé pour avoir été l'un des pires.

Ce camp ouvre en avril 2016, sans doute dans la précipitation, dans la foulée du démantèlement des camps de fortune présents à la frontière macédonienne.

L'urgence ne permet pas la mise en place d'une structure appropriée en adéquation avec les standards définis par l'UNHCR. Dans un rapport daté de janvier 2017, l'ONU  mentionne la présence de 292 tentes, 58 toilettes et 38 douches pour un total de 1 500 personnes, alors que selon ses standards un camp de réfugiés doit présenter un toilette pour 20 personnes, une douche pour 50, un accès à l'eau pour 250 personnes. Un rapport établi par la commission des migrations, des réfugiés et des personnes déplacées du Conseil de l'Europe indique qu'en mai 2016, la population de ce centre est à 96% syrienne.

Les témoignages trouvés ça et là sur le web rapportent tous des conditions de vie difficiles, mauvaise distribution de la nourriture, pannes de la ventilation mécanique, coupures d'électricité. Les personnes vivant dans ce centre sont libres de circuler, mais dans cette zone industrielle il y a nulle part où aller, ni rien à faire.

Vide, désaffecté, l'atmosphère qui y règne est froide et pesante, notre ressenti est sans doute influencé par ce que nous en avons lu. Un vaste entrepôt où les bruits résonnent ; certaines installations ont dû être démontées, mais on peut encore en cerner la logique d'organisation.

L'évacuation de ce centre semble avoir été aussi précipitée que son ouverture ; impression que les bureaux n'ont pas vraiment été vidés, des documents sont restés sur place, la bâche d'identification du HCR a peine démontée, laissée à l'abandon.

Les centres en Grèce

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