top of page

Slovénie et Croatie, 

   Sortie de la zone de confort, approche de la zone « critique »

SENTILJ, SLOVÉNIE

DÉCEMBRE 2015

De manière générale, Slovénie et Croatie ne sont que des points de transit, très peu de « migrants » s'arrêtent pour y demander l'asile ; parfois, ils quittent le pays sans attendre la réponse à leur demande.
C'est sans doute dans cette perspective que la gratuité des transports est offerte aux « migrants », afin de faciliter leur déplacement vers d'autres pays et lever tout obstacle qui pourrait les attarder trop longtemps sur le territoire. 

Grands axes de la route des Balkans.

Une fois la frontière franchie, la route autrichienne U67 devient la route slovène 437, c'est à cet endroit qu'est situé le centre de Sentilj.
Cet axe routier est gardé et contrôlé en journée, fermé la nuit, comme on peut le voir sur
cette photo. De manière générale, ce centre s'inscrit au coeur de l'axe de communication :

 

Graz (Autriche) - Maribor (Slovénie) - Zagreb (Croatie)

Slovénie pays de transit, les photos ci-dessous permettent de comprendre la « logique » d'implantation du centre de Sentilj : une surface importante, à proximité des points de passage et des axes de communication.

Sentilj, Slovénie.

BREŽICE, SLOVÉNIE


Centre désaffecté - 9 décembre 2015

Quelle signification accorder à un centre désaffecté ? 

Peut-être une mauvaise anticipation/gestion de la situation qui se serait traduite par un sous-dimensionnement des centres d'accueil et plus globalement un manque de moyens pour faire face à la situation. Et c'est là un point important, les pays de transit ou les pays « point d'entrée » n'ont pas les moyens de faire face aux situations auxquelles ils sont confrontés.

Atmosphère étrange, cris de chien (enregistrés ou réels ?) ; rivière (la Save), clinique vétérinaire encadrent ce camp qui jouxte un poste de police.

La configuration de ce centre nous rappelle celle du centre de Spielfeld, présence de militaires, proximité de voies de communication (voies ferrées, bretelles d'autoroute), barrières, organisation des files d'attente, et ce qui semble être les tentes où sont enregistrées les personnes et leurs empreintes.

Restes de quelques modestes effets personnels,

chaussures et produits d'hygiène, gel douche.

Nous sommes passés à côté du centre « en service », à environ huit kilomètres de celui de Brézice. Files de bus garés devant, beaucoup de militaires, passage devant le centre au moment d'un nettoyage, vêtements usagés, sans doute à brûler, dans des brouettes, déversés dans des containers, le tout manipulé par des personnes en combinaison blanche.
Ce centre semblait immense, il suit la même « logique » d'implatation que le centre de Sentilj.
Proche d'un point de passage, il est situé le long d'une ligne droite à la sortie de Rigonce, à quelques centaines de mètres de la frontière croate sur la route 420.
Enregistrement, contrôle, transit, désinfection de centres d'accueil de personnes jugées « illégales ».
Extraits d'un de nos carnets de notes
« 
»

ZAGREB, CROATIE


Premier rendez-vous institutionnel - 11 décembre 2015

Nous poursuivons notre route, prochaine étape, Zagreb.

Prise de contact avec une ONG à dimension internationale, l'un de nos interlocuteurs explique recevoir beaucoup de demandes de la part de journalistes, photographes, de faux volontaires aussi qui, sous prétexte de vouloir aider, entrent dans les camps de cette façon pour prendre des photos. On nous rapporte aussi la venue fréquente de membres éminents d'associations qui viennent rencontrer les « migrants », et dont les frais de déplacement sont pris en charge et dorment dans de confortables hôtels.
 

Notre compréhension de la situation croate devient de plus en plus fine. Le pays compte en tout et pour tout deux centres : Slavonski Brod où les personnes ne restent que quelques heures, le temps de leur enregistrement, et un à Kutina pour les personnes qui souhaitent rester et demander le statut de réfugié.
 

Comme nous l'avions compris, ces centres sont administrés par l’État, les ONG y entrent seulement si elles y sont autorisées. Nous avons ainsi adressé une demande au Ministère de l'Intérieur présentant le cadre de notre de travail et ses intentions. Nous avons mentionné agir en totale transparence et proposé la possibilité de faire contrôler nos boîtiers à la sortie des centres.
Aucune réponse ne nous sera jamais adressée.

 

Ce rendez-vous est concluant, nos interlocuteurs nous font confiance et nous propose de présenter notre propos à quelques personnes susceptibles d'y adhérer et d'accepter d'être photographiées.

Second rendez-vous - 17 décembre 2015

Nous revenons dans les locaux de cette ONG, deux personnes sont présentes, un couple ; nous sommes présentés les uns aux autres. Tous deux ont obtenu le statut de réfugié ; elle, est très impliquée dans l'accueil des « migrants » ici en Croatie. Maîtrisant l'arabe, l'anglais, et le croate, elle assiste régulièrement la Croix-Rouge au sein du centre de Slavonski Brod. Sa présence en tant que femme musulmane auprès d'un public largement musulman facilite l'échange et permet de plus facilement rassurer les femmes qui parfois arrivent dans des conditions sanitaires et médicales douloureuses.

Nous sommes rejoints par deux autres personnes, deux amis, deux demandeurs d'asile dont le dossier est en cours d'instruction. Ils se joignent à notre conversation, se présentent.
Nous écoutons leurs parcours, la façon dont ils sont arrivés en Europe ; l'une des discussions les plus marquantes que nous aurons pendant ce voyage. L'un des deux hommes nous confie être venu à notre rencontre tout simplement parce qu'il s'ennuyait, pour accompagner son ami, et sans doute pour ne pas être seul. Il nous décrit avec beaucoup d'émotion le parcours emprunté jusqu'en Europe, les nombreuses fois où il a été contrôlé, arrêté, expulsé. Les larmes aux yeux, il nous dit être encore hanté par les images d'une famille morte sous ses yeux parce que tombée à la mer depuis une embarcation de fortune.

Les yeux humides, les larmes à peine retenues, il nous pose cette question dans un anglais approximatif :
croyez-vous que je risquerais ma vie si elle n'était pas menacée dans mon pays ?

Détail de notre carnet de notes.

À la suite de cette discussion, nous demanderons simplement à ces personnes de noter leur nom sur un de nos carnets de notes.

KUTINA, CROATIE

25 DÉCEMBRE 2015

Cette vidéo souligne un paradoxe :
comment intégrer des demandeurs d'asile dans un pays alors que le centre d'hébergement est situé à l'intérieur des terres, éloigné des foyers de peuplement du pays en question ?

​Le groupement de bâtiments que l'on aperçoit à partir de la 48ème seconde constitue le seul centre de demandeurs d'asile présent en Croatie.

Implanté sur le territoire d'une ville de 15 000 habitants, il est situé à environ trois kilomètres de la mairie et à proximité d'un péage autoroutier.

Cette vidéo permet de se rendre compte de l'isolement de ce lieu, du temps et de la distance le séparant du centre-ville de Kutina.

Le 28 décembre, après avoir aperçu le centre de Slavonski Brod,

nous reprenons la route, direction la Bulgarie

en passant par la Serbie.

bottom of page