La Finlande,
Un contrôle strict
TAMPERE - 8 NOVEMBRE 2017
Tampere, premier centre que nous visitons en Finlande, nous y sommes reçus par Reetta. Cette structure dirigée par la ville ouvre en 2015 dans les locaux d'un hôpital en activité, y compris au plus fort de la « crise ».
Notre interlocutrice nous apprend également qu'en parallèle à la demande d'asile, les candidats au statut de réfugié peuvent solliciter un visa de travailleur. Si les personnes sont porteuses de pièces d'identité qui permettent le franchissement de frontières, elles ont alors la possibilité de chercher légalement du travail après trois mois et si elles ne disposent pas de ces « travelling documents », elles doivent attendre six mois. La demande d'asile et le visa de travailleur sont deux procédures différentes qu'il est possible de lancer conjointement, en parallèle.
Ce centre nous laisse une impression diffuse, mitigée, à vélo, proche du centre-ville, il permet les échanges avec les locaux, son intégration à un complexe hospitalier donne aussi une impression étrange, d'autant qu'il ne nous semble pas avoir vu de mention explicite de son existence. En revanche, les anciens panonceaux indicateurs des services médicaux qui étaient présents dans le bâtiment (aujourd'hui centre d'accueil), sont toujours en place, comme s'il s'agissait d'essayer de cacher la présence du centre aux yeux des usagers des autres bâtiments.
Même si notre interlocutrice, et sans doute plus globalement la structure elle-même, était ouverte au dialogue, encline à favoriser l'autonomie des résidents dans son discours, nous avons eu l'impression que ce propos venait justifier un certain « laisser à l'abandon » des résidents. Il semblerait que le taux de réponse positive soit bas en Finlande, ce qui expliquerait ce « service minimum » en faveur de l'intégration des personnes qui n'auraient pas l'opportunité de s'intégrer.
Ce n'est pas lié à ce centre lui-même, mais ce que nous a expliqué notre interlocutrice est assez « interpellant », l'idée selon laquelle la loi ne prévoit pas de dispositif d'intégration, mais seulement d'accompagnement dans la procédure.
Peu à peu les services de cet hôpital déménagent et le 1er juin 2016, l'intégralité du bâtiment devient un centre de demandeurs d'asile. Il compte sept sections : quatre sections pour les familles (couple, parents + enfants), une pour les hommes seuls, une pour les minorités sexuelles et une dernière (sans doute pour les femmes seules, mais c'est une déduction de notre part).
Au moment de notre visite, ce centre accueille 280 personnes de 20 nationalités différentes (principalement irakienne, afghane mais pas syrienne, nous ignorons pourquoi) pour une capacité totale de 300 places, 80 à 90% des enfants des résidents vont à l'école en ville. Difficile pour notre interlocuteur de nous donner le taux de réponse positive au sein du centre ; de même pour la durée moyenne de séjour : parmi les résidents, certains sont présents depuis 2015, alors que d'autres ne restent qu'une nuit.
Les interactions de ce centre avec son environnement semblent ambiguës. Selon les dires de Reetta, de nombreux bénévoles y interviennent, mais aussi « en ville » au sein d'associations. Plusieurs initiatives sont mises en place pour ouvrir le centre à l'extérieur, la traditionnelle cérémonie d'ouverture au début, plusieurs concerts également. De façon plus « passive », le centre est aussi ouvert aux demandes de visite.
Les contacts avec les pensionnaires des autres bâtiments sont plus compliqués. Le centre de demandeurs d'asile n'occupe qu'un bâtiment au sein d'un complexe hospitalier qui en compte plusieurs. Les différentes tentatives pour nouer des relations n'ont jamais abouti, pas plus qu'avec les zones résidentielles environnantes. Notre interlocutrice explique cela aussi par la mobilité des demandeurs d'asile qui, proches du centre-ville, peuvent s'y rendre facilement en vélo et peuvent ainsi se « socialiser » eux-mêmes et à leur guise.
Reetta nous présente succinctement la procédure de demande d'asile en Finlande. Dans son ensemble, elle est similaire à celles que nous avons pu rencontrer dans d'autres pays : dépôt d'une demande auprès des autorités compétentes, vérification de sa recevabilité, instruction du dossier, instruction au cours de laquelle la personne est accueillie en centre d'hébergement, puis prise de décision, notification de celle-ci et éventuelle procédure de recours de la part du demandeur en cas de réponse négative.
La loi finlandaise indique que les centres doivent fournir des services à la liste précisément définie : hébergement, services sociaux et médicaux, allocations, interprétariat, travail et études, retour volontaire. Les centres sont également chargés de donner des informations en matière de droits et obligations liés à la vie dans un centre d'accueil, règles et règlements du centre d'accueil, assistance juridique et coordonnées/informations concernant les organisations de soutien aux demandeurs d'asile.
Ce qui n'entre pas le cadre de ces listes n'entre pas dans le périmètre de compétences des centres de demandeurs d'asile, il faut comprendre par là, que le reste est du « bonus » seulement si le personnel se porte « volontaire » pour le faire. Préparer à une possible intégration n'est pas l'affaire des centres de demandeurs d'asile, ainsi, les cours de langue ne sont pas obligatoires avant l'obtention du statut de réfugié, après oui.